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Mi ViDa
19 mai 2005

critique/last day THE FILM!

«Last days»»
Deux heures avant les douze coups de minuit a eu lieu l'un des vrais événements de ce 58e festival: la présentation officielle de "Last Days", le nouveau film de Gus Van Sant. Lui n'a jamais eu à passer par le film d'horreur ; il a d'emblée été artiste. Et depuis quelques films, trois exactement, la cohérence d'une vision du monde étonne et ravit: "Gerry", "Elephant", "Last Days" forment une magnifique forme visuelle, quasi un continuum, sur l'adolescence, ses errements, ses démons, ses douceurs, ses mélancolies, et surtout sa finitude. Comment on en sort, transformé, mué? Alors que c'est un état que ces êtres non-finis voudraient précisément infiniment étirer. A chaque reprise, l'aboutissement est radical, laissant un cadavre raide comme une statue de sel dans "Gerry", pas mal de corps troués de balles dans "Elephant", une absence suicidaire dans "Last Days", mais la forme de cette radicalité est d'une impressionnante douceur. Chez Van Sant, les anges - qui ont un sexe disons-le: que des garçons! - vont vers leur fin en douceur.65544697

L'enjeu du film consiste à imbriquer des plages visuelles successives pour en faire un feuilleté de temps. Si bien que la plus grande incertitude règne quant à la chronologie des événements: ce n'est pas ce qui intéresse le cinéaste, pas plus que de reconstituer les dernières heures de Kurt Cobain. Gus Van Sant se fiche tellement de cette véracité-là qu'il a même abandonné le nom de Kurt pour celui de Blake. Son héros vit ses dernières heures dans cet état d'incertitude absolue, le temps se brouillant, ses repères visuels se confondant, ses actions s'enchaînant avec la précision d'un rêvé éveillé mais dans le flou de leur utilité réelle. Et le spectateur ne perçoit de cette expérience que des sensations. Rarement on aura poussé aussi loin le cinéma vers ce radicalisme de la sensation: compréhension déconnectée, chronologie flottante, enchaînement des actions aléatoire, il ne reste plus que des preuves de sens. Cette chose à l'écran n'existe que parce que vous la ressentez, telle est la logique de "Last Days".

Ce qui fait reposer le cinéma - et cela me semble la plus belle qualité du film - sur l'absolue confiance placée en les capacités du spectateur à ressentir quelque chose face à l'écran. Comme si, avec une modestie sans perversion, Gus Van Sant laissait à son seul spectateur les clés du sens et de l'interprétation. En un mot: le cinéaste propose et c'est le spectateur qui dispose, "finissant" le film: le ressentant. C'est une idée du cinéma qui est à la fois moderne et généreuse, une idée qui fait de "Last Days" un film important.

BY courbiiff :)enjoy yourself kurt is jsut no dead

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